Les délégués du personnel accusent la direction d’entraves syndicales.
De deux choses l’une : soit certains délégués du personnel et le directeur de l’hypermarché Carrefour, implanté au cœur de la zone de Trifontaine, à Saint-Clément-de-Rivière, sont des imbéciles patentés, soit ils ne parlent pas (plus) la même langue.
C’est très certainement cette dernière hypothèse qui explique les retrouvailles (forcées) de ces protagonistes, lundi, en tête de gondole judiciaire, dans le prétoire de la correctionnelle : les premiers assignant le second pour "entraves syndicales".
Bigre ! Que s’est-il passé au juste ? Le 9 septembre 2008, un représentant de l’union locale de la CGT se présente à l’accueil de l’hypermarché. Le syndicaliste venant pour tenir une réunion avec les représentants du personnel (étiquetés CGT) en vue des prochaines élections prud'homales.
Mais très vite, l’entrée du représentant de l’UL CGT va se heurter au service de sécurité. Avant que lui et les délégués concernés ne finissent dans le bureau du directeur pour une explication de texte aussi brève que confuse et que la rencontre se termine par un : « On se retrouvera au tribunal ! »
Il y aussi ces autres faits dénoncés par l’une de ces mêmes représentantes du personnel. Empêchée, selon elle, huit mois auparavant, de parler à des caissières dans le cadre de son mandat de déléguée. Un mauvais et peut-être faux procès, estiment le directeur du magasin et son conseil.
Et le prévenu de le dire d’emblée : « Je n’ai jamais eu connaissance de l’identité du représentant de la CGT. »
Une version mise à mal par l’inspection du travail.
Qui, dans son rapport, note que la qualité dudit représentant figurait, noir sur blanc, couchée sur le registre des visites. Et puis, il y a donc eu ce face à face confus dans le bureau directorial. « Une dizaine de personnes sont venues pour me parler de quelque chose que j’ai eu du mal à comprendre. J’ai simplement fait le rappel des règles en vigueur chez Carrefour », poursuit le directeur.
Vient ensuite une kyrielle de témoins. Remontés ou acquis à la cause du patron, c’est selon. Plus ou moins décontractés aussi. Un ex-responsable de la sécurité, visiblement plus à l’aise entre les rayonnages que debout, devant une barre.
Et dont les déclarations évoluent aussi vite que les prix en période de soldes :
« Pour moi, délégué CGT, ça ne veut pas dire grand-chose... »
Rumeurs et rires dans la salle.
Viennent ensuite une secrétaire, un ex-boucher syndiqué chez FO. Aussi falot que remonté contre ses "concurrents" cégétistes. Dénonçant les « réactions agressives et vindicatives du syndicat adverse qui fait beaucoup de pressions ». Et règne « sans partage » sur ce petit monde de la grande distribution.
Enfin, se présente cet ex-responsable de la sécurité. Se souvenant que, déjà à l’époque, avec les deux prédécesseurs de l’actuel patron du site, « les relations étaient tendues entre la CGT et la direction. Ils pensaient que, parce qu’ils étaient élus, cela leur donnait certains droits ».
Avant de requérir deux mois de prison avec sursis et 2 000 € d’amende à l’encontre du directeur de l’hyper.
source: midi libre