Cette position est également défendue par la CFDT, dont l'union locale s'est lancée à partir du mois de juin dans une enquête de terrain auprès des salariés (80 %) et de gérants (20 %) de magasins situés au centre commercial du Ruban Bleu, au Paquebot et dans le haut de l'avenue de la République (Coeur carré). « 28 % des 63 personnes interrogées touchent moins de 1 100 € par mois, ce qui explique en bonne partie les 54 % qui se disent d'accord pour travailler le dimanche », annonce Gérard Bourguenolle, secrétaire de l'union locale CFDT.

Faire face à la concurrence ?

« La mairie de Saint-Nazaire a justifié les ouvertures de 2012 par les travaux. Cette année, on nous dit que c'est pour soutenir le commerce. Pourtant, 36 % de ceux qui ont travaillé les dimanches de décembre 2012 n'ont pas eu de majoration », lance cette fois Jean-François Chapeau, secrétaire adjoint de l'UL CFDT, qui voit là un exemple « de la volonté de déréglementer le travail dominical. Les patrons sont prêts à attendre que les mentalités changent, puis ce sera au tour des administrations de travailler le dimanche, puis viendra le temps des pertes d'avantages ». Pour le maire de Saint-Nazaire, il faut surtout composer avec la concurrence des commerces de la Presqu'île « qui peuvent ouvrir quand et comme ils le veulent. » Il s'agit également de lutter contre l'attractivité de l'immense Atlantis de Saint-Herblain.

Catherine Blesse et la CGT estiment que « ce sont les ouvertures le dimanche qui modifient les habitudes des gens, et pas l'inverse ».

Friction avec les consommateurs

Des habitudes qui ont d'ailleurs déjà été prises par certains consommateurs. « Les rares frictions que nous avons connues lors de l'enquête, c'était avec des consommateurs. Les ouvertures le dimanche, ils en veulent, mais surtout pas pour eux », explique Gérard Bourguenolle. Sur le document « réponses à 10 fausses affirmations » qu'elle a édité, le CGT affirme d'ailleurs que 94 % des Français ne souhaitent pas travailler le dimanche.

Une table ronde en 2014

« Nous ne sommes pas en opposition systématique sur la question du travail le dimanche, reprend Gérard Bourguenolle, nous ne pouvons pas nier la réalité. Nous voulons cependant que ça soit le moins destructeur possible pour les salariés. » La CFDT souhaite donc qu'un dialogue social s'instaure et elle défend l'idée de la mise en place de tables rondes, « car pour l'instant, la mairie de Saint-Nazaire se contente de voir les patrons d'un côté et les syndicats de l'autre. »

Une rencontre entre salariés, patrons, organisations syndicales et sans doute des représentants de municipalités devrait avoir lieu au premier semestre 2014, à la demande de la CFDT 44. Cette rencontre serait placée sous l'égide de la Direction départementale du travail.

Avant cela, au mois de décembre, CGT et CFDT engageront des actions, notamment les dimanches 15 et 22 décembre. Dès vendredi, la CFDT ira également sur le terrain pour partager les résultats de son enquête nazairienne.


Joël Batteux : « La position des syndicats est respectable »
 
 

Le maire Joël Batteux, présent hier lors de l'inauguration des Féeries de décembre, s'est exprimé une nouvelle fois sur les autorisations d'ouvertures accordées aux commerces les dimanches 15 et 22 décembre.

« Je comprends bien les réticences des syndicats et leur position est respectable, mais moi, je défends le centre-ville et le commerce de Saint-Nazaire. Il n'est pas question de tendre vers une déréglementation, mais il n'est pas impossible que l'autorisation d'ouverture le dimanche soit reconduite. Les clients joueront aussi un rôle et nous serons très attentifs aux résultats des deux ouvertures de cette année. Les choses ne sont pas installées dans le temps et elles restent à examiner.

J'espère vraiment un gros succès de ces deux dimanches. Il n'y a pas que le chiffre d'affaires des commerçants qui va compter dans l'évaluation de l'opération. La fréquentation du centre-ville et la volonté de faire revenir l'habitude de fréquenter le centre-ville comptent tout autant. En ce qui concerne la majoration des salariés lors de ces deux dimanches travaillés, nous avons signé un protocole avec la chambre de commerce et les commerçants. Ceux-ci se sont engagés à au moins doubler les salaires et à donner une journée de récupération par dimanche travaillé. Si cet engagement n'est pas respecté, cela pèsera sans doute dans le choix de reconduire, ou non, l'opération. Les salariés qui ne bénéficieraient pas des conditions du protocole pourront se tourner vers les prud'hommes. »

source: ouest france