Le groupe allemand de supermarchés discount, Aldi, a beau se porter à merveille en contexte de crise, il n'en est pas de
même pour ses salariés de l'entrepôt de Bois-Grenier. Hier, ils étaient une dizaine sur les quatre-vingts salariés du site, basé à la zone de la Houssoye, à s'être mis en grève pour dénoncer
leurs conditions de travail. Un mouvement qu'ils reconduisent ce matin.
« Nous sommes à bout. Là, on craque », lance un jeune homme, préparateur de commande. S'ils disent avoir osé
défier la direction en n'acceptant pas de signer un accord pour une prime d'intéressement, qu'ils jugent trop basse, ils avouent aujourd'hui en payer les pots cassés. « On nous met beaucoup
de pression », explique l'un d'entre eux. Tous dénoncent « des convocations abusives, des menaces et le non respect au droit de l'individu ».
Ils parlent également d'une productivité qui se serait accrue sans moyens supplémentaires et d'une direction qui serait
restée sourde à leur mal-être.
« Les syndicats ont adressé trois courriers à la direction pour évoquer ce sujet, explique Frédéric Leblond, délégué
du personnel CGT. Elle n'a jamais répondu. » Ils demandent aussi que les contrats 30 heures soient augmentés à 35 heures et non compensés par des intérimaires.
« On appréhende de venir travailler. Nous sommes en souffrance. On n'a trouvé que le moyen de la grève pour nous faire
entendre », poursuit Cathy Jaspart, élu FO et vingt ans de boîte. Avant 1998, date de l'implantation de l'entrepôt à Bois-Grenier, elle travaillait à celui de Cuincy (dans le
Douaisis).
Ces deux sites approvisionnent l'ensemble des magasins de la région, soit soixante-seize pour Bois-Grenier et
quatre-vingt-dix pour Cuincy.
Hier, l'ensemble des titulaires des préparateurs de commandes en frigo était en grève. Il pourrait donc y avoir des retards
dans l'approvisionnement des magasins ce matin. « Il est possible qu'ils aient rappelé des gens sur leur jour de congé pour éviter cela », soupire Frédéric. Nous n'en saurons
malheureusement pas plus.
Contactée à deux reprises, hier, la direction n'a pu nous répondre pour cause de « réunion tout au long de la
journée ».
La seule chose que nous pouvons affirmer et qui peut être un élément de réponse quant au mal-être, évoqué par les salariés,
est la décision rendue par le Tribunal de grande instance de Lille, le 5 octobre 2010, qui déboutait la SARL Aldi Marché Bois-Grenier de ses demandes.
La SARL sollicitait la condamnation du CHSCT du site (Comité d'hygiène et des conditions de travail) pour avoir décidé de
confier à un cabinet d'expertise une mission sur l'ensemble des magasins du groupe. Ce cabinet devait étudier les risques psychosociaux au sein de ces supermarchés.
Le TGI a non seulement rejeté la contestation soulevée par ALDI mais l'a également condamnée à verser 1 554,80 E au CHSCT.
« Les travaux d'études pour cette expertise sont en cours, précisait Me Maxime Moulin, avocat du CHSCT. Tout un ensemble d'éléments, comme des lettres de salariés, des jugements aux
prud'hommes ou encore des courriers de l'inspection du travail, laisserait penser qu'il y a des risques psychosociaux. » Aldi a fait appel de cette décision.
La cour d'appel de Douai rendra son jugement le 4 mai.