Le prix du porc plonge,
mais pas celui du jambon
LES ELEVEURS de porc font grise mine mais, dans les supermarchés, rien n’a changé sur les
étiquettes.
Depuis un an, les coursdu porc ont pourtant chuté de…17 %.
« Les prix baissent car nos exportations
vers la Russie, la Corée et le Japon dégringolent », expliqueJean-Michel Serres, président de
la Fédération nationale porcine,branche de la FNSEA.
Ces dernières semaines, le cours du porc est tombé à 1,21 € le kilo de carcasse, contre
1,45 € en juillet 2008.« Cela fait deux ans qu’on ne gagne rien. Si la crise continue, on
court à la catastrophe », s’inquiète Paul Auffray, secrétaire général de la
Fédération nationale porcine, qui estime que « 20 % des producteurs
pourraient déposer le bilan ».
Mais,contrairement au célèbre adage selonlequel le bonheur des uns fait le
malheur des autres, les consommateurs ne profitent pas de cette chute des prix agricoles.
Pas d’incidence sur les tarifs en rayon
« Ce qui est incroyable, c’est le décalage entre le prix au consommateur et celui à la production », relève Jean-Pierre Joly, directeur du marché au porc de Plérin (Cotes-d’Armor),
où se fixent les cours en France.
En effet, comme l’indiquent les relevés de prix effectués par le
gouvernement, le consommateur paie aujourd’hui la tranche de jambon
ou le rôti de porc aussi cher que l’été dernier.
« Sur le jambon, les industriels ne nous ont proposé aucune baisse de tarif », se défend l’un
des poids lourds de la distribution.
Du côté de la Fédération du commerce et de la distribution (FCD), silence radio. Il reste donc à consulter le rapport officiel d’Eric Besson, rendu en décembre dernier, sur la
« formation des prix alimentaires ».
Là, l’explication est limpide : « Pour compenser les pertes sur les autres
viandes, notamment le bœuf, les distributeurs ont choisi d’augmenter
leurs marges sur les viandes rentables, en particulier le porc. (…)
Pour un rôti vendu 8,50 € le kilo au consommateur, la marge nette des
distributeurs atteint 2,25 € (26,5 % du prix de détail).
Sur le jambon, 89 % de la marge réalisée par les différents intermédiaires est captée par
les distributeurs »,
notait Eric Besson cet hiver. Un constat qui
semble encore
d’actualité cet été.
Source: Le Parisien
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