93 salariés de l'enseigne de la grande distribution saisissent le tribunal pour non-paiement de temps de pause et frais de nettoyage non remboursés. L'audience de conciliation a lieu demain.
Ce n'est pas une première. A Saint-Martin-des-Champs, près d'Avranches, pour les trois magasins de l'agglomération caennaise, et maintenant à Cherbourg, le torchon brûle entre les salariés et le groupe Carrefour. Dans le Cotentin, ils sont 93 (110 au final avec des dossiers en cours) à saisir le tribunal des Prud'hommes pour réclamer des forfaits de temps de pause non rémunérés.
C'est une avocate de Caen, Maître Elise Brand, qui s'occupe du dossier. Elle expliquait voilà quelques semaines, à propos des salariés de Saint-Martin-des-Champs : « Carrefour rémunère les pauses par application de la convention collective, mais déduit le forfait pause de 5 % du taux horaire brut. Certains salariés ont parfois touché moins que le Smic. Cela correspond en moyenne à une perte de 50 à 60 € par mois. » Ce que la direction à Cherbourg conteste. « Je n'ai encore aucun commentaire à faire avant l'audience de demain, souligne Martial Laird, directeur de l'enseigne cherbourgeoise. Cependant, la position de Carrefour est la suivante : nous ne payons pas nos salariés en dessous du SMIC. C'est là que doit se faire l'interprétation. »
Depuis le mois d'octobre, Carrefour a relevé ses grilles de salaires, du moins celles en dessous du SMIC, soit les trois premiers niveaux. Ce même mois, justement, il se trouve que le groupe avait été condamné par le tribunal de police de Lyon à une amende de plus d'un million d'euros dans une affaire similaire à celle des temps de pause non payés.
Nettoyage de vêtements
Autre sujet de discorde : le
nettoyage des vêtements de service. Une loi stipule que les employeurs qui obligent leurs salariés à porter des vêtements de service doivent verser une somme pour les nettoyer ou rembourser le
nettoyage. « Hormis les secteurs de la boucherie, la boulangerie et la poissonnerie, le problème concerne les hôtesses de caisse et les salariés remplissant les rayons, précise
François Vidal, de la CFDT services. Nous avons fait une estimation de ce que cela peut coûter à une caissière, soit 850 € par an et 420 € pour les autres employés.
Comme pour les temps de pause, nous demandons un rattrapage sur 5 ans. » Il poursuit : « Nous pensons que la loi sur l'habillage finira par être respectée par
le groupe. Mais pour le problème des pauses, ça sera plus long. Nous avons prévenu les salariés : l'affaire devrait durer entre 3 et 5 ans. »
En
France, la CFDT services chez Carrefour suit plus de 1 000 dossiers du même type.
Source: Ouest-France