Le torchon brûle entre les industriels de l'agroalimentaire et la grande distribution. Et l'État a bien l'intention de jouer son rôle d'arbitre. Car la guerre des prix à laquelle se livrent les centrales d'achat lamine les marges de l'agroalimentaire et menace l'emploi.
Selon l'Association nationale des industriels de l'agroalimentaire (ANIA), une entreprise de ce secteur disparaît chaque jour et 6 000 emplois ont déjà été détruits en 2013. Or l'agroalimentaire avec 492 000 salariés (1) est l'un des derniers fleurons industriels français. Mieux, il a généré un solde commercial positif de 8,5 milliards d'euros en 2013. Mais en recul de 7 % par rapport à 2012.
La course aux prix bas
Les rabais accordés au consommateur sont pris sur les marges bénéficiaires et donc la capacité à investir de ce secteur qui comptait 11 852 entreprises. « Que pèsent ces PME face à cinq ou six centrales d'achat. On les pressure. C'est tout simplement inadmissible », dénonce Annick Le Loch, députée PS du Finistère et membre de la commission économique à l'Assemblée nationale.
Mercredi, elle organisait une table ronde à l'Assemblée nationaleavec des représentants de l'agriculture, de la distribution et de l'agroalimentaire. Au coeur des débats, la politique agressive de course aux prix bas conduite par Michel-Edouard Leclerc. Mais ce dernier n'a pas cédé.« Je ne serai pas le mécène des producteurs », a-t-il expliqué. Sur son blog, le distributeur enfonce le clou.
« Sur un an, les cours des produits agricoles ont sérieusement décroché : -30 % sur la pomme de terre, -10 % sur le blé, -12 % sur le maïs, -7 % sur le sucre... Expliquez-nous pourquoi les distributeurs n'auraient pas le droit d'exiger des diminutions de tarifs. »
Jusqu'à 375 000 euros d'amende
« Nous sommes dans une spirale infernale », soupire Thierry Desouches, à la direction de Système U. Depuis plusieurs mois, son président Serge Papin souligne les risques de cette guerre des prix. Tout en y participant. « Leclerc et Carrefour donnent le ton. Nous sommes obligés de suivre. »
Jeudi, à Paris, le gouvernement a haussé le ton lors d'une réunion qui rassemblait les principaux acteurs de ce dossier autour d'Arnaud Montebourg ministre de l'Économie, Stéphane le Foll ministre de l'Agriculture et Carole Delga, secrétaire d'État à la consommation. À défaut de convaincre, il peut frapper au portefeuille. La loi sur la consommation adoptée en mars sanctionne plus durement le non-respect des contrats. Les amendes peuvent aller jusqu'à 375 000 €.
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