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14 octobre 2009 3 14 /10 /octobre /2009 09:02

 




Dans les magasins qui vendent à bas prix, les économies se font aussi sur le dos des salariés

 

 

En général, elles n'ont même pas de chaises. Chez Lidl, les caissières passent la journée debout. Question de rentabilité. Dans l'enseigne phare du hard discount, la règle d'or, c'est de passer le maximum de clients et d'articles à la minute. «Si elles sont assises, les caissières sont beaucoup moins rapides, constate Didier Cayla, chef de magasin Lidl à Lunel et responsable syndical CAT (Confédération autonome du Travail). Or elles ne doivent pas dépasser 50 secondes pour encaisser.» Gare !
Chez Lidl, numéro un du hard discount en France avec 1300 magasins, la vitesse est une qualité primordiale. «Dans les hypers, le client est plus patient car il a peur de lâcher son Caddie. Chez nous, s'il y a trop de monde en caisse, il part», explique un chef de magasin.

Bienvenue dans le monde merveilleux du hard discount ! Côté pile, des prix bas plébiscités par les consommateurs : selon TNS-Sofres, 78% des Français ont déjà fait leurs courses chez les discounters qui pèsent désormais 13,7% du marché, un score jamais atteint. Côté face, des économies qui se font sur le dos des salariés. Fatiha Hiraki, chef de magasin à Clichy, est responsable syndicale Unsa (Union nationale des Syndicats autonomes) chez Lidl.
Elle rêverait d'une action collective, d'une grève comme celle qui a mobilisé il y a quelques mois la grande distribution. «Mais ici, tout le monde a peur.» Fatiha assure que dans son magasin on lui a parfois demandé de «jeter les CVdes garçons», et de recruter en préférence des filles, réputées plus dociles. Harcèlement, licenciements abusifs...

En Allemagne, le syndicat Verdi a ainsi publié en 2004 un livre noir dénonçant les conditions de travail du leader européen du hard discount. «Pour faire des économies, les magasins sont en sous-effectif permanent, affirme Fatiha. Et nos directives, c'est défaire le maximum, avec le moins de monde possible.» Certes, les salaires sont supérieurs à ceux des enseignes traditionnelles. «En moyenne, de 10% à 20% plus élevés que ceux de la concurrence», dit la DRH de Lidl-France. Une caissière touche environ 850 euros net pour 28 heures, soit plus que le smic. «Mais beaucoup de magasins abusent pour les horaires, rétorque Fatiha. J'en connais un où on fait quelquefois partir les employés à 10 heures du soir, sans contrepartie.» Surtout chez Lidl, le salarié est polyvalent. «On est obligé de tout faire. Le chef de magasin passe la serpillière et fait la caisse. Les caissières, elles, doivent aussi s'occuper des rayons. Et faire de la manutention.» Petits bras s'abstenir... «Il faut décharger des palettes qui pèsent des tonnes. Le tout au pas de charge. Quand vous avez les viennoiseries, ça va. Mais quand il faut déplacer des packs de lait à bout de bras, bonjour le dos... A côte, les collègues de Monoprix ou de Carrefour, c'est vraiment des caissières de luxe.» Ce n'est pas les galériennes de chez Aldi qui diront le contraire : il n'y a pas si longtemps, elles n'étaient même pas dotées de lecteur optique et devaient connaître par coeur les 800 codes produits du magasin !

Autre poste sur lequel les hard discounters font des économies : la sécurité. «Nous n'avons pas de barrières électroniques antivol aux portes comme dans les hypers, raconte Didier Cayla. C'est donc à nous, le personnel, de faire la police.» Les caissières sont formées à un protocole très strict. Elles doivent se lever pour inspecter les chariots, soulever les packs d'eau... Objectif, réduire au maximum la «démarque inconnue», bref, les vols, en jargon Lidl. «C'est l'obsession de la direction. Mais au lieu d'investir dans du personnel ou du matériel de sécurité, elle fait au contraire pression sur ses salariés, s'indigne Didier Cayla. Et quand il y a des vols, c'est toujours la faute des caissières.»
Lidl a ainsi inventé les tournées des «clients mystères». Des faux clients chargés de tester et de piéger les caissières en dissimulant des marchandises volées dans leurs cabas.

«Nous avons énormément investi dans la sécurité, se défend-on à la DRH de Lidl. C'est vrai que nos salariés sont très sollicités, mais nous ne sommes plus les seuls à faire de la sorte, nos concurrents traditionnels nous copient désormais.»



Source: Le nouvel obs

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