L'écart se resserre entre Leclerc et le groupe Carrefour en France. Selon nos informations, Carrefour a perdu
prés de 6% de chiffre d'affaires sur les six premiers mois de 2012, en France. Les ventes de Leclerc sont elles en hausse de 6% environ. Début 2012, le groupement s'était donné quatre ans pour
ravir à Carrefour la première place du marché français de la distribution.
Michel-Edouard Leclerc est en passe de prendre la place de numéro un des distributeurs alimentaires en France. Le patron
des Centres E. Leclerc revendique déjà la place de leader des enseignes alimentaires dans l'Hexagone. Jeudi matin, lors de la présentation de son chiffre d'affaires semestriel, le groupement
breton devrait vanter les mérites de ses prix « bas permanents » et de ses drives. Car, depuis le 1er janvier, Leclerc est resté sur sa lancée de 2011, année marquée par un bond de chiffre
d'affaires de 5,5%.
Et - pas de miracle, comme le prédisent les analystes financiers - le groupe Carrefour est toujours à la peine dans l'Hexagone.
Des ventes en repli de 6,3%
Selon nos informations, la part de marché de Carrefour est à son plus bas historique.
En six mois de temps, le groupe qui opère sous les enseignes Carrefour pour ses hypermarchés et Carrefour Market pour ses
supermarchés, a perdu 1,4 point de part de marché. Elle s'est établie à 20,9%, d'après les chiffres de Kantar Worldpanel arrêtés au 10 juin que La Tribune s'est procurés. Ses hypermarchés sont en
recul de 0,9 point. Ses supermarchés perdent 0,4 point. Au total, les ventes du groupe seraient en recul de 6,3% sur les premiers mois de 2012, arrêtés au 10 juin, selon des données de TNS.
Interrogé par La Tribune, le groupe n'a pas souhaité commenter ces chiffres.
Les pertes de Carrefour alimentent le gain de tous ses concurrents. Au premier rang desquels figure sa bête noire :
Leclerc. Le groupement a gagné 1 point de marché en six mois de temps, au 10 juin 2012 : l'enseigne s'adjuge 18,4% des ventes de produits alimentaires et de grande consommation. Résultat, il a
atteint avec six mois d'avance sur son calendrier le niveau qu'il s'était fixé pour fin 2012
+25% d'investissements en publicité
Qu'en sera-t-il de l'objectif 2015 ? Leclerc a affirmé pouvoir à cette date dépasser le groupe Carrefour en France.
Actuellement, la voie est libre. Car Carrefour, son grand rival, ne se relancera pas en un jour. Georges Plassat, son PDG, l'a indiqué : il lui faudra trois ans, a-t-il prévenu lors de
l'Assemblée Générale des actionnaires du groupe Carrefour réunie le 18 juin. Et pour l'heure, la bataille se joue jour après jour, sur le terrain. Leclerc profite de ses drives. Ce nouveau format
de vente - il permet aux clients de prendre livraison sur un parking de commandes effectuées par internet - est la star du moment : il représente désormais 2,6% des ventes de la grande
distribution. Leclerc en est la figure montante. Il en exploite 209 sous la forme de points de retrait accessibles en voiture, selon le décompte du paneliste A3Distrib publié par Dauwers. Le
groupement profite aussi d'une intense activité publicitaire (+25% d'investissements publicitaires) au mois de mai 2012 par rapport à mai 2011. Le résultat s'est fait sentir dans le tiroir-caisse
: les ventes de E.Leclerc auraient bondi de 5,7% à périmètre courant, d'après nos informations.
+58 magasins U
Les challengers des deux ténors du marché français sont aussi en forme. Intermarché gagne 0,8 point à 14,1%. Système U
flirte avec les 10% de part de marché à 9,8%, soit un gain de 0,6 point. L'enseigne présidée par Serge Papin profite là de la reprise d'anciens magasins Carrefour du franchisé Coop Atlantique :
ses ventes ont bondi de 11% sur les six premiers mois de l'année 2012, grâce notamment à 58 nouveaux magasins ouverts au cours de ce semestre. Comme à l'accoutumée, les performances de ces
groupements de détaillants indépendants sont supérieures à celles des enseignes intégrées. Casino perd 0,6 point de part de marché, à 12,5%. Auchan résiste à 11,5%.
L'Espagne et l'Italie, les deux autres points noirs
Les contre-performances de Carrefour en France ne sont pas une surprise. Elles sont amplifiées par la déconsolidation des
magasins de Coop Atlantique passés chez Système U et des points de vente Altis passés chez Intermarché. Et elles se cumulent à d'autres gros problèmes, à l'étranger cette fois. L'Espagne,
troisième marché du groupe français, plonge dans la récession. A tel point que Danone, gros fournisseur de Carrefour, a révisé à la baisse ses résultats annuels pour s'adapter à la
conjoncture espagnole. Et, en Italie, la conjoncture se déteriore. La consommation y a reculé de 0,6% au premier trimestre. Les Italiens contractent leurs dépenses pour faire face aux hausser
d'impôt et au chômage.
Ces mauvais indicateurs incitent les analystes financiers à penser que, lors de la publication de son chiffre d'affaires
semestriel, Carrefour pourrait donner des indications précises sur son résultat opérationnel au premier semestre. Ce serait 45 jours avant l'heure. Georges Plassat, PDG du groupe, doit
normalement les dévoiler fin août. Les publier jeudi lui permettrait de se concentrer à cette date sur la présentation de son plan de relance. Dans l'intervalle, Michel-Edouard Leclerc aura
rappelé combien il est bon d'opérer « dans un groupement de détaillants indépendants » sans avoir à rendre compte à des actionnaires chagrins. Le titre Carrefour a perdu 25% de sa valeur depuis
janvier.
source: La tribune