Pourquoi Carrefour Planet n'a pas fonctionné
Trois mois après l'inauguration de ce nouveau concept, le point de vente d'Ecully a vu son chiffre d'affaires progresser seulement de 4,7% alors que celui de Vénissieux atteint 10,7%.
La belle mécanique a fait flop.
L'hypermarché Carrefour Planet d'Ecully, vitrine du chantier européen de rénovation des grandes surfaces du groupe, patine.
"Les résultats sont décevants", a du admettre hier Lars Olofsson, directeur général du groupe dans un entretien au Wall Street Journal. Les syndicats, en négociation avec la direction
sur plusieurs dossiers sociaux, ne s'étaient pas privés d'éventer les performances de l'hyper le plus observé de France aujourd'hui.
Trois mois après l'inauguration de ce nouveau concept, le point de vente d'Ecully a vu son chiffre d'affaires progresser
seulement de 4,7% alors que celui de Vénissieux atteint 10,7%. Or il fallait atteindre au moins la barre symbolique des 10% de croissance pour que le pari soit gagné. Les objectifs de croissance
fixé en septembre par Carrefour sont même encore plus ambitieux puisque la direction a évoqué un chiffre d'affaire additionnel de 18% pour les 500 hypers rénovés d'ici 2015.
On en est encore bien loin. Carrefour a donc besoin d'un peu plus de temps.
C'est la raison pour laquelle la direction a reporté à 2011 la transformation de 5 hypers prévus avant la fin de
l'année.
Pourquoi le mécanisme tarde à s'enclencher à Ecully ? Le concept tel qu'il a été présenté a réveillé un hypermarché
totalement endormi. Sans conteste, Carrefour Planet a réenchanté la grande surface avec un déploiement de corners très attractifs, une offre et une présentation modernisées et des services à la
pointe de l'innovation (crèche, ligne bleue aux caisses, conseils pratiques à l'achat...).
C'est donc un hyper très animé qu'a créé Carrefour. Qui dit animation, dit animateurs. Pendant la période de forte médiatisation (jusqu'en octobre),
la direction a appelé en renfort une soixantaine d'intérimaires lesquels ont été, d'après nos informations, en grande partie, renvoyé chez eux courant octobre.
Depuis un mois, le magasin ne répondrait plus aux promesses initiales. Faute de
personnel, les ruptures de stock sont nombreuses, "le magasin est moins bien tenu", confirme un consultant qui travaille sur ce dossier. De quoi déstabiliser la clientèle.
Mais ce n'est sans doute pas la raison essentielle du manque d'appétence de la clientèle pour cet hyper ultra moderne. En
le rénovant, Carrefour a généré une montée en gamme significative de cette grande surface devenue une sorte de Monoprix géant. Les promos, têtes de gondole et autres mécanismes tarifaires n'y
feront pas grand-chose : dans la tête du public, cet hyper est monté d'un cran. Il est donc, à leurs yeux forcément plus, cher.
C'est donc toute l'image-prix du magasin qui est aujourd'hui brouillée.
Rien n'est néanmoins perdu. Olofsson a demandé à James McCann, le directeur de Carrefour France, de corriger le tir avant Noël. L'une des clés va consister à multiplier les produits d'appels. Le groupe vient d'accélérer massivement son plan de sourcing de produits chinois pour proposer plusieurs offres par jour spectaculaires.
Comme un vélo enfant vendu à 49 euros. Une mécanique ultra classique pour réamorcer la pompe mais forcément limitée.
Source: Challenges