Leclerc, grand gagnant de la loi de modernisation de l'économie
Le groupe a creusé l'écart avec ses concurrents. En 2009, il a gagné 0,7 point de part de marché dans les
produits de grande consommation, à 16,9 %. Globalement, les commerçants indépendants s'en tirent mieux que les distributeurs intégrés.
Pas vraiment surprenant si l'on songe à ce petit jeu entre sigle et acronyme : la LME, loi de modernisation de l'économie, qualifiée par certains de ses opposants de loi « MEL »
(pour Michel-Edouard Leclerc), a logiquement profité à la première enseigne de distribution alimentaire en France.
Votée à l'été 2008, entrée en vigueur au début de l'an dernier, elle était censée par son volet concurrence donner aux distributeurs de nouvelles capacités de négociation avec les
industriels. L'objectif du gouvernement était clair : faire baisser les prix des produits de grande consommation afin de soulager des Français en mal de pouvoir d'achat.
A défaut d'être totalement convaincus d'en avoir bénéficié, les ménages, touchés par la crise, ont en tout cas voté avec leurs pieds.
Et le gagnant est… Leclerc.
Selon les chiffres de l'étude Référenseigne de TNS Worldpanel - qui fait autorité dans le secteur et dont « Les Echos » ont pu consulter une copie -, les Centres Leclerc
avaient atteint au 27 décembre 2009 une part de marché de 16,9 % dans l'univers des produits de grande consommation et frais libre service, soit un gain de 0,7 point sur douze mois.
Système U a réalisé la deuxième plus forte progression, à 9,1 % (+ 0,4), quand, dans le même temps, le groupe Carrefour, solide leader par le cumul de ses enseignes Carrefour et
Carrefour Market, n'a engrangé que 0,2 point, à 23,9 %.
Le groupe Intermarché est, quant à lui, resté stable, à 13,1 %, pénalisé par Netto, en baisse à l'instar de la plupart des maxidiscompteurs, tandis que son enseigne éponyme a gagné 0,2
point, à 12,1 %.
Globalement donc, les groupements de commerçants indépendants s'en sont mieux tirés que les distributeurs intégrés. Les groupes Auchan, Casino et Provera (Cora, Match) ont en effet respectivement
cédé 0,2, 0,3 et 0,1 point de part de marché.
Et il ressort de l'analyse des chiffres de TNS Worldpanel une évidence : Leclerc aura été en 2009 le distributeur ayant utilisé au mieux cette nouvelle marge de manoeuvre instaurée par
la LME ! Hors le « hard discount », son enseigne apparaît comme celle qui propose à ses clients les prix les plus attractifs.
Et, au-delà de l'image, dans les faits, elle « a creusé un écart très significatif » avec ses concurrents, confirme Georges Ferronière, directeur du service distribution
chez Nielsen. Pas de secret.
Outre des méthodes à l'achat qui, pour déplaire à beaucoup de fournisseurs, n'en sont pas moins considérées par la plupart comme les plus efficaces, les Leclerc ont su affiner leur
politique commerciale. « Ils reviennent intelligemment à une approche de "discounter", en baissant les prix permanents, de tous les jours, et en diminuant progressivement la part des
prospectus », analyse Philippe Ingold, directeur de Promo Research, conseil en stratégie promotionnelle. En 2009, celle-ci a légèrement baissé, de 0,2 point par rapport à un an plus
tôt.
Source: les Echos