6 février 2010
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11:14
Le tribunal correctionnel de Mende a pris tout son temps, hier après-midi, pour juger une délicate affaire de
harcèlement moral et dégradations des conditions de travail dans un supermarché de Langogne.
Car entre la parole de l'employée du magasin qui s'est porté partie civile, la voix - plus forte - de son employeur et les attestations fournies en faveur de l'une ou l'autre des deux
parties, les trois magistrats ont eu à démêler le vrai du faux.
Mais selon eux, le mauvais climat qui régnait dans le magasin ne fait plus aucun doute, à l'issue des débats.
Preuve en est, une pétition signée par tous les salariés en CDI, adressée à l'Inspection du travail. Sans oublier les arrêts maladie, les interventions des pompiers pour soigner des malaises, les
brimades et les pressions hiérarchiques.
Et donc les critiques et les insultes du PD-G à l'encontre de
sa responsable du rayon charcuterie - « Connasse, bonne à rien » - qui lui ont valu sa comparution, hier, à la barre du tribunal.
« Je lui ai effectivement reproché de mettre en rayons des produits périmés, mais je ne l'ai pas insultée , se défend le patron du magasin. J'ai d'ailleurs embauché sa fille l'année où elle
prétend avoir été harcelée. Si les conditions sont tellement déplorables, pourquoi les salariées travaillent-elles chez moi depuis parfois 20 ans ? »
Pourtant, insiste Céline Gruson, la présidente du tribunal, « tous les témoignages sont dirigés contre vous. Quel intérêt aurait cette dame de vous accuser, alors qu'elle travaille toujours
chez vous ? Cela ne doit pas être confortable pour elle...
Le harcèlement moral c'est à l'usure, c'est une accumulation. »
Appelé à la barre, un inspecteur du travail confirme d'ailleurs « les conditions de travail anormales » dans le supermarché : « À chaque fois que j'y allais, on me parlait de pressions, de
peur. Il n'y avait pas de dialogue social. Je suis convaincu que la souffrance au travail découle d'une méthode de gestion. J'ai aussi reçu cette pétition, ce qui est exceptionnel de la part de
salariés. Aucun doute possible, cela émane du PD-G et de personne d'autre... »
M e Andrieu, l'avocate de la partie civile, précise alors les souffrances vécues par sa cliente : « Ses crises de tétanie. Cela fait deux ans qu'elle va travailler la boule au ventre. Elle a été
poussée à bout. Elle aurait pu commettre l'irréparable » .
Aussi pour Samuel Finielz, le procureur de la République, le dossier recèle « un faisceau d'indices d'une épaisseur telle » qu'il requiert trois mois de prison avec sursis, et 7 000 €
d'amende.
Après une longue suspension d'audience, le tribunal a jugé coupable de harcèlement moral le PD-G du supermarché langonais. Il l'a condamné à deux mois de prison de prison avec sursis, et à 12 000
€ d'amende, dont 5 000 € à verser à la partie civile. Actuellement en congés, cette dernière repartira travailler, sans doute soulagée.
source: midi libre